Les suspensions : réglage dynamique

Les suspensions : réglage dynamique

Difficulté : difficile

Durée :  de 1h à beaucoup de temps

Outillage : gros tournevis plat, carnet, deux rilsan

Vous pouvez être content de vous. Vous avez soulevé, mesuré, réglé, remesuré. Maintenant vous en savez un peu plus sur vos suspensions, et comment elles se comportent en statique. Mais une moto, c’est fait pour rouler non ? Alors on va aborder les réglages dynamiques. Avant d’enfiler votre casque, respectez la petite checklist suivante :

  • L’usure de vos pneus est correcte
  • Vos pneus sont correctement gonflés
  • Votre chaine est tendue
  • Vous avez un carnet et un stylo pour noter toutes les modifications que vous allez faire

Hé oui, si tout n’est pas en ordre vous aurez des effets parasites que vous pourrez attribuer à tort aux suspensions. Et puis ça ne fait pas de mal de faire les pressions ou la tension de chaine.

Courses mortes avec pilote, au moment de rentrer en piste (crédit photo : Always Photo)

Le plus mauvais road book du monde

Ensuite trouvez-vous un petit itinéraire avec… un beau bitume, des virages et des paysages des routes un peu pourries avec des ralentisseurs, des bandes rugueuses et si possible des successions de creux et bosses. Il vous faudra quand même quelques virages connus, pour les aborder avec de l’allure. Mais oubliez le paysage, vous allez devoir vous concentrer sur vos sensations et sur les réactions de la moto.

Vous vouliez rouler, et vous vous retrouvez à faire de la départementale derrière des zones industrielles ? Pourquoi sont-ils aussi méchants ? Parce que… vous allez bosser ! Vous allez déterminer si la moto est instable, s’il y a des guidonnages et des louvoiements, et surtout dans quelles conditions. On va vous aider à déterminer quel réglage toucher dans quels cas. Mais ne soyez pas gourmand ! Notez bien le réglage d’origine, touchez un seul réglage à la fois, et notez de combien vous l’avez changé.

Des réglages fins et délicats

A priori, plus besoin de toucher à la précontrainte, vous l’avez normalement réglée en statique*. Ouf, pas besoin de clé plate ou de clé à ergot. Mais armez-vous de votre meilleur tournevis plat car on va agir sur l’hydraulique : détente d’abord, puis compression. Pour l’assiette de la moto, on n’y touchera qu’en dernier recours : elle influe beaucoup sur le comportement de la moto. Ça pourrait complètement masquer ou modifier vos réglages aux petits oignons. Dernière astuce avant de partir, placez un rilsan sur un de vos tubes de fourche, et un sur la tige de l’amortisseur (pas très pratique, mais on y arrive). Comme ça vous pourrez vérifier l’utilisation de la course totale.

* Si vous trouvez un problème qui nécessite de toucher à la précontrainte… c’est retour à la case départ. Mais grâce à votre travail en statique vous avez bien préparé le terrain, les réglages se feront à la marge.

Cherchez l’obstacle

Première étape du road book : les ralentisseurs et autres bandes rugueuses. Grâce aux ralentisseurs, on va prêter attention au réglage de l’arrière. Ne vous attendez pas à ce que la moto absorbe la bosse comme si de rien n’était, elle va de toute façon monter puis redescendre : la compression va freiner l’enfoncement du ressort, puis la détente va l’empêcher de remonter trop vite. C’est le contraire pour un trou : l’amortisseur se détend pour épouser l’accident de terrain et se comprime ensuite. Pour vous en convaincre, essayez de trouver une route moche avec des bouts de bitume manquants. Voici un tableau récapitulatif :

Problème Cause Remède
La moto monte trop brutalement au début de la montée. La compression est trop fermée pour permettre à l’amortisseur d’absorber la bosse Ouvrir la compression
La moto absorbe la bosse, mais a tendance à rebondir une fois arrivée en haut La compression et la détente sont trop ouvertes, la suspension s’enfonce trop au départ, mais rien n’empêche ensuite le ressort de se détendre trop vite Fermer la détente, refaire le test, fermer la compression si le ressort s’enfonce trop
En accélérant : si la roue arrière patine à la descente du ralentisseur La détente est trop fermée pour que la roue arrière reprenne l’adhérence Ouvrir la détente
La moto continue à pomper après le passage du ralentisseur La détente est trop ouverte pour pouvoir freiner les rebonds du ressort Fermer la détente
L’amortisseur talonne Pas assez de précontrainte au ressort Rajouter de la précontrainte (à préférer) ou fermer un peu la compression
La roue arrière patine en passant sur un trou en accélérant Trop de précontrainte au ressort, donc trop peu de course morte pour que la roue puisse aller au fond du trou avant d’arriver en butée Retirer de la précontrainte

Du frein pour la fourche

Pour valider les réglages de la fourche, trouvez-vous une succession de bandes rugueuses et faites un freinage de trappeur. Mettez-y du cœur ! Le freinage va mettre le ressort de fourche en contrainte et le passage sur les bandes vous permettra de vous rendre compte comment l’hydraulique joue par dessus. Déjà, si la fourche talonne, c’est pas bon, il faut rajouter de la précontrainte. Mais si rajouter de la précontrainte déséquilibre l’assiette de votre moto, vous pouvez fermer la compression à la place. Mais gardez de la marge pour ne pas générer des blocages de l’avant avec une compression trop forte. Pour éviter les pompages à haute vitesse, la détente de la fourche doit être plus freinée que la compression. Dans tous les cas, ne verrouillez pas trop l’hydraulique, la roue avant doit pouvoir épouser le profil de la route.

Une fois que vous avez bien fait chauffer les disques, arrêtez-vous et contemplez votre œuvre : regardez le rislan que vous avez placé sur le tube. La fourche doit utiliser pratiquement toute sa course, sans talonner. Un centimètre de marge est une bonne indication.

Gare à vos plombages

Pour valider tout ça et affiner, trouvez-vous la route la plus moche de la région. Des creux, des bosses en succession, voire des trous (évitez les graviers quand même). Prenez-la à bonne allure, il faut que ça travaille ! Voici les soucis que vous pourrez rencontrer :

Problème Cause Remède
Talonnages de l’arrière sur des séries de grosses ondulations ou bosses Détente arrière trop fermée Ouvrir la détente
Mauvaise motricité (patinage de l’arrière) à l’accélération sur les bosses Détente arrière trop fermée Ouvrir la détente
Guidonnages en ré-accélérant en sortie de courbe / la moto élargit la trajectoire 1 – Assiette trop sur l’arrière (transfert de masses trop rapide)
2 – Trop de précontrainte à l’avant : la fourche reste en butée haute, la roue avant rebondit légèrement de bosse en bosse
3 – La valeur de chasse est trop élevée
1 – Rajouter de la précontrainte à l’arrière, ou fermer la compression
2 – Retirer de la précontrainte à l’avant
3 – Baisser l’avant ou relever l’arrière de la moto (en dernier recours).

Vous avez survécu aux ralentisseurs, aux bandes rugueuses, aux trous et aux bosses, félicitations. Pour vous récompenser, et finir ce road book de la mort, on va… prendre une portion d’autoroute. Ne me remerciez pas. Prenez une grande courbe, et prêtez attention à la stabilité générale, pour vérifier que vous n’avez pas trop ouvert les hydrauliques. Si vous ressentez des pompages, voire des louvoiements, refermez-les un peu.

Patience et longueur de temps

Soyez rigoureux et patient dans vos réglages de suspensions. Modifiez un seul paramètre à la fois, par petites touches, et testez-le pour voir si le réglage a amélioré le comportement de la moto. Et surtout, notez chaque réglage pour pouvoir revenir en arrière si besoin. Retenez aussi ces deux principes :

  • La fourche et l’amortisseur doivent être accordés : si l’amortisseur est libre, la fourche doit l’être aussi
  • La moto doit s’enfoncer plus facilement qu’elle ne remonte : la détente doit être plus freinée que la compression

Un problème ? Une solution

En plus de la méthode donnée ci-dessus, on a glané quelques solutions à des problèmes précis. A garder en tête ou, si vous n’en avez pas (vous êtes un motard après tout), à noter dans un coin !

Problème Cause Remède
Pertes d’adhérence au freinage La suspension remonte trop vite et fait remonter exagérément l’arrière / transfert de masse trop important sur l’avant Fermer la détente de l’amortisseur
La moto se déséquilibre en entrée de virage L’arrière de la moto se lève trop brutalement en fin de freinage Fermer la détente de l’amortisseur
La moto est instable de l’avant en virage bosselé La fourche est trop dure, pas assez vive Ouvrir la détente et / ou la compression
La moto se redresse sur les bosses ou lors des freinages sur l’angle La fourche s’enfonce trop rapidement Fermer la compression voire rajouter de la précontrainte
La moto est instable en entrée de virage au relâché des freins La fourche se détend trop vite Fermer la détente
La moto est instable en entrée de virage et au freinage La fourche s’enfonce trop rapidement Fermer la compression
La moto survire (elle s’inscrit trop vite, elle « engage ») 1 – La fourche se détend trop lentement
2 – La chasse est trop faible
1 – Ouvrir la détente
2 – Relever l’avant ou baisser l’arrière de la moto.
La moto guidonne Sur des guidonnages, c’est délicat de déterminer s’ils viennent de l’avant ou l’arrière. Changez un réglage et refaites un essai.
1 – La fourche manque de liberté pour absorber des successions de bosses
2 – L’amortisseur est trop dur, presque figé
1 – Ouvrir la détente et la compression pour laisser plus de liberté à la fourche.
2 – Ouvrir la détente et la compression pour libérer l’amortisseur.

 

 

Références :

http://www.les7pechesdumotard.fr/Comment-regler-ses-suspensions,158.html

http://racingriders35.free.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=71&Itemid=73

 

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