Les portes d’entrée et de sortie de votre chambre de combustion, là où l’explosion se fait, ce sont les soupapes. Elles ont besoin de jeu pour fonctionner correctement, mais avec le temps, ce jeu peut évoluer et il faut le corriger : c’est le réglage du jeu aux soupapes.
Difficulté : moyenne
Durée : de 30 minutes à plusieurs heures (si vous devez tomber le moteur)
Outillage : pince-étau, douilles et clés, tournevis plat, jeu de cales, revue technique
Un jeu qui se fait à froid
Les constructeurs recommandent de faire le jeu aux soupapes tous les 6 000/12 000/24 000 km (rayez la mention inutile). Les bons mécanos sont capables de dire juste en écoutant le moteur s’il faut régler ce jeu. Mais vu que vous êtes ici, vous voulez faire vous-même et ne pas confier votre moto à un mécano. On ne vous propose pas de solution miracle pour mesurer votre jeu, il va falloir mettre les mains dans le cambouis.
Pour le régler, cela va dépendre de votre moto : sur certaines, comme la GSR750 ou la ZX6R, le réglage se fait avec des pastilles, plus ou moins grandes. Sur d’autres, comme la CBR125 ou la XT600, il se fait avec un système de contre-écrous. Le principe de la mesure est le même dans les deux cas. Le réglage va par contre varier. Avec les pastilles, vous devrez faire des échanges standard pour avoir la bonne. Oui, comme les cartes Panini ou Pokemon de notre enfance. L’autre système de réglage, par contre-écrou, est plus simple car il n’y a pas besoin de pièces supplémentaires si vous devez effectuer un réglage. C’est celui-ci que nous allons présenter aujourd’hui. Avant toute opération, munissez vous de la RMT (Revue technique moto) correspondant à votre modèle. Vous saurez ainsi si vous devez sortir le moteur du cadre ou pas. Avant de vous lancer, assurez-vous que votre moteur est bien froid. La chaleur dilate les métaux et fausserait les mesures.
Trouvons le point mort… ou les points morts
Pour faire le jeu aux soupapes, il faut d’abord mettre le piston au point mort haut (PMH). On dévisse les deux bouchons présents sur le carter d’allumage (souvent à gauche quand vous êtes sur votre moto). Ces bouchons sont très fragiles, pas la peine de forcer avec un tournevis s’ils ne se dévissent pas, vous ne feriez que les abîmer. Le meilleur outil est une pièce de monnaie, dont la tranche rentre dans la fente du bouchon, et une pince-étau. Pas de valeur particulière car cela va dépendre de la largeur de la fente, cela peut donc varier entre deux centimes et 50 centimes. Et vous pourrez flamber en disant que vous avez un outil qui coûte moins d’un euro ! Il vous reste à bien appuyer et tourner. Et pour une fois, une opération moteur se fait sans risque de mettre de l’huile partout : elle n’arrive pas jusqu’à ces ouvertures. D’ailleurs, à quoi est-ce qu’elles servent ?
La lucarne du bas va servir à faire tourner le volant moteur, qui va entraîner le piston et surtout le ou les arbres à came. On pourra voir le PMH, symbolisé par un repère marqué « T » dans celle du haut. Prenez une douille de la bonne dimension, et faites tourner usuellement le moteur dans le sens inverse des aiguilles d’une montre (attention, vérifiez bien votre RMT, ce n’est pas toujours le cas). Guettez bien dans la lucarne du haut l’apparition du symbole T, qui indique le point mort haut. Si vous le dépassez, ne revenez pas en arrière ! Refaites patiemment un tour de moteur pour le voir réapparaître dans la lucarne.
Facile… si on a un monocylindre. Et si on s’est fait refourguer deux, trois, ou même quatre cylindres (quelle idée) ? C’est pareil, sauf qu’il y a plusieurs points morts hauts pour les différents cylindres. Typiquement, pour un 4 cylindres en ligne on va avoir deux PMH, un pour le cylindre 1 et 4 (T14) et l’autre pour les cylindres 2 et 3 (T23). Référez-vous à la RMT de votre moto, car cela dépend du calage de vos pistons.
Jeu de cales pour jeu aux soupapes
Passons aux soupapes. Il y en a deux types :
- celles d’admission par lesquelles arrive le mélange air-essence,
- celles d’échappement par lesquelles les gaz repartent.
Ces différentes soupapes ne se règlent pas aux mêmes valeurs. Il faut plus de place pour évacuer les gaz que pour faire rentrer le mélange air/essence. (Non, ne cherchez pas, il n’y a pas de blague potache dans cette phrase). Allez voir dans la RMT quels jeux les différentes soupapes doivent avoir.
Il va falloir maintenant accéder aux soupapes. Enfin, pas vraiment. On va accéder au réglage du jeu aux soupapes. La plupart du temps, il suffit d’ouvrir le couvre culbuteur. Celui-ci possède un joint en caoutchouc, qu’il n’est pas nécessaire de remplacer, sauf s’il est très vieux et très craquelé. Certaines motos offrent un accès encore plus facile via des caches. C’est le cas de la XT, mais les ingénieurs se sont vengés en rendant impossible l’accès à la bougie.
On peut maintenant passer au cœur de ce tuto : la mesure. Il vous faut un jeu de cales, c’est un ensemble de fines lamelles de métal ayant des épaisseurs commençant à 0,02mm. Pour chaque soupape, la RMT vous donne une valeur et une tolérance. Il faut donc que la valeur mesurée soit dans cette plage. On passe les cales dans l’ordre croissant jusqu’à trouver celle qui ne passe pas. Si la dernière cale qui passe est dans la tolérance, votre jeu est bon, c’est au tour de la soupape suivante.
Je(u) relance d’une cale et d’un contre-écrou
Si votre jeu n’est pas correct, il faut le corriger : on desserre le contre-écrou pour pouvoir libérer le réglage. Vissez ce réglage pour diminuer le jeu et dévissez pour l’augmenter. Une fois le jeu corrigé, on maintient la vis de jeu et on serre, sans forcer, le contre-écrou.
Une fois qu’on a resserré le contre-écrou, on vérifie qu’on n’a pas fait bouger le jeu en revissant. Si c’est le cas on recommence. Certains recommandent de laisser une cale au moment de serrer, de la taille maximum du jeu.
On passe ensuite aux autres soupapes et aux autres cylindres. Sur certaines motos, on peut avoir jusqu’à 8 soupapes par cylindre et 4 cylindres… je vous rassure, ce sont des motos que votre banquier ne vous laissera jamais vous payer. La plupart du temps il y a deux ou 4 soupapes par cylindre. Cela vous donne une idée du travail à effectuer.
Une fois le jeu aux soupapes fini, vous pouvez tout remonter : cache culbuteurs et bouchons du carter d’allumage. Dans un cas comme dans l’autre, il n’est pas nécessaire de serrer beaucoup.
Personnellement, le jeu aux soupapes était une opération qui m’effrayait avant. Cela me semblait relever du domaine de la haute mécanique. Imaginez, tomber le moteur, l’ouvrir. Mais comme vous pouvez le voir, il n’est pas nécessaire d’avoir 10 ans d’expérience pour le faire, un peu de patience et de précision suffisent. Si vous avez la possibilité de vous faire aider la première fois, sautez sur l’occasion, mais ne laisser pas votre ami(e) tout faire, lancez-vous. Avec un peu d’habitude, cela deviendra… un jeu d’enfant.