Les suspensions : réglage statique

Les suspensions : réglage statique

Vous avez révisé les bases ? Votre clef de 12 vous démange et vous avez envie de passer au réglages de vos suspensions ? Alors c’est parti. Hop, hop, je vous vois déjà toucher à tous les machins et les trucs qui dépassent de votre fourche. Attention ! La tenue de route de votre moto est un équilibre délicat, il faut y aller par petites touches, et changer un seul paramètre à la fois et voir ce que ça donne. Mais avant de bouffer du bitume et de se taper ralentisseurs et courbes serrées pour tester un clic sur la précharge ou la détente, on peut quand même passer par la case garage et se préparer une base saine en statique.

Matériel :

  • un gros tournevis plat
  • des clefs plates ou à douille
  • une clef à ergot (fournie dans la trousse à outils de la moto… normalement.)
  • un mètre
  • un(e) ami(e) / une béquille centrale / des chandelles / une béquille avant qui prend sous le té de fourche
  • un papier et un stylo: pour marquer toutes les modifications que vous faites et pour pouvoir revenir en arrière si besoin.

Soyez dans votre assiette

Et privilégiez un régime équilibré ! L’avant et l’arrière de votre moto doivent être raccord. Sinon bonjour le cheval à bascule. On peut le voir facilement, moto droite. Munissez-vous d’un ami et demandez-lui de tenir la moto tandis que vous appuyez fermement au centre de la moto (à la base du réservoir). La machine doit s’enfoncer d’autant à l’avant et à l’arrière. Prenez comme repère le bas de carénage qui doit descendre uniformément.

Le réglage qui va avoir un effet sur l’assiette, c’est la précontrainte. Ça tombe bien, c’est le réglage qu’on va faire en premier. Alors contrôlez bien votre assiette à chaque changement à l’avant ou à l’arrière.

Enfin, avant toute mesure et tout réglage, soyez sûr que vos pneus sont bien gonflés, si vous vous en apercevez trop tard vous serez bons pour tout recommencer.

Mesure des courses mortes

On va toucher à la précontrainte, OK, mais pour quelles valeurs ? Pour le savoir on va mesurer la course morte des tubes de fourche et celle de l’amortisseur.

Deux conseils avant de faire les mesures, pour obtenir une plus grande précision :

  • Ouvrez les hydrauliques au maximum pour libérer le ressort
  • faites travailler les suspensions plusieurs fois pour avoir des valeurs plus exactes.
Points de mesure des débattements et courses mortes

Pour la fourche la mesure se prend le long des tubes. Mettez à contribution votre ami* et ses petits bras musclés et demandez-lui de soulever le train avant. On peut se servir de la béquille latérale comme point d’appui. Lorsque la roue avant est complètement délestée, mesurez la longueur de la partie visible du tube. Puis, doucement, votre ami va reposer la moto et la maintenir droite, sans appuyer sur le train avant. On mesure à nouveau la longueur du tube (qui est plus courte si vous avez bien suivi). Sortez votre calculatrice préférée, calculez la différence entre les deux valeurs, c’est votre course morte. Gardez aussi dans un coin la valeur moto soulevée – la course totale.

Pour l’amortisseur c’est la même méthode, mais un poil plus complexe. A priori vous n’avez pas de tubes à l’arrière, donc il va falloir se créer des points de repère. Le premier, ce sera l’axe de roue arrière. Pour le deuxième, prenez un point de la boucle arrière ou de la coque situé à la verticale de l’axe de roue. Encore une fois, votre ami va être mis à la tâche. Il va devoir soulever l’arrière de la moto jusqu’à presque décoller la roue arrière (et non, une béquille de stand ne fait pas l’affaire), et la maintenir pendant que vous prenez la mesure. Alors faites vite si vous ne voulez pas vous retrouver avec une moto par terre et un ami en moins. Ou l’inverse. Puis, vous l’avez compris, on prend la mesure moto droite et sur ses roues. Calculez la différence, et voilà, vous avez votre course morte arrière.

Oui, mais vous voulez régler la précontrainte, pas la course morte. Hé bien, elles sont directement liées : comme la précontrainte est la résistance du ressort à la mise en compression, elle va forcément avoir un effet sur son enfoncement sous le poids de la moto. A titre indicatif, la course morte à l’avant devra faire entre 15 et 25 mm, et entre 5 et 15 mm à l’arrière.

*Utiliser un ami est la méthode la plus pratique, cela ne vous coûtera que quelques bières. Sinon, vous pouvez utiliser une béquille qui prend sous le té de fourche pour soulever l’avant. Si vous avez une béquille centrale, vous soulèverez l’arrière sans souci. Enfin vous pouvez placer un cric ou des chandelles sous le collecteur, à utiliser avec précaution.

On refait la course ?

Si votre ami n’a pas fui, vous pourrez encore vous en servir pour mesurer les courses mortes avec le pilote. Ça se mesure comme la course morte, mais avec un pilote tout équipé (blouson, casque, bottes, gants, oui tout !) et en position de conduite sur la moto. Si c’est votre moto, il vaudra mieux que vous jouiez le rôle du pilote, et votre ami sera préposé à la mesure. Après tout, il est pour vous ce réglage. Vous avez bien gardé la valeur de la course totale ? Soustrayez la valeur trouvée avec le pilote et vous aurez votre course, à l’avant et à l’arrière. Pour le réglage, on veut que la course morte avec pilote fasse 25 à 35 mm à l’avant, et 20 à 25 mm à l’arrière.

La précontrainte

Si les valeurs trouvées sont dans les clous, pas la peine d’y toucher ! Mais si la course morte mesurée est trop grande, il faut augmenter la précontrainte : le ressort s’enfoncera moins. A l’inverse, si la mesure est trop petite il faut libérer un peu le ressort qui se tassera plus sous le poids de la moto et du pilote.

En haut des tubes de fourche vous trouverez un écrou – à ne pas confondre avec l’écrou de dévissage des bouchons de fourche ! On peut lire le réglage grâce aux filets visibles sous l’écrou. Sur l’amortisseur le réglage se fait par une bague crénelée autour du ressort. Il va falloir jouer de la clef à ergot pour serrer ou desserrer l’amortisseur. On mesure le réglage grâce aux crans en escaliers.

C’est réglé ? Vous et votre ami avez mérité une bonne bière. Mais avant, n’oubliez pas de mesurer à nouveau la course morte ou utile pour vérifier que tout va bien, et contrôlez l’assiette.

Détendez-vous

L’hydraulique, c’est le réglage aux petits oignons, la cerise sur le gâteau. C’est une affaire de feeling, et surtout il faut y toucher avec parcimonie. C’est pour ça qu’il va falloir rouler et analyser le comportement de la moto avant de modifier la détente et la compression. Mais on va tout de même vous donner quelques clefs (de 12).

Premièrement, vous pouvez garder les réglages d’origine, qui sont une base saine pour commencer le peaufinage. Si le constructeur de la moto a bien fait, ils sont dans le livret de la moto, voir indiqué sur la moto. Si vous ne les avez pas, assurez-vous au moins que les réglages des amortisseurs sont harmonisés entre l’avant et l’arrière. Refaites le test de compression en appuyant sur la base du réservoir. Cette fois-ci observez l’enfoncement de la moto. Si l’avant s’enfonce plus vite que l’arrière, il faut affermir la compression à l’avant ou relâcher l’arrière. Si l’arrière s’enfonce plus vite, c’est l’inverse. Mais ce n’est pas fini ! Observez maintenant la remontée de la machine : si l’avant remonte plus vite, c’est que la détente est trop ouverte à l’avant ou trop fermée à l’arrière. Et vice versa. L’idéal est d’aller rouler entre chaque modification, afin de valider aussi – et surtout – en dynamique les modifications que vous avez fait. Et n’oubliez pas de noter tout ce que vous faites, pour pouvoir revenir en arrière si un réglage ne vous plait pas.

Rappelez-vous : il vaut mieux privilégier les réglages de détente, et toucher seulement ensuite à la compression.

Mais où sont ces fameux réglages ? Sur la fourche inversée, la vis de détente est au dessus du réglage de précontrainte et celle de compression est en bas des tubes. C’est l’inverse pour une fourche classique. Et sur l’amortisseur, la détente est en bas et le réglage de compression est au niveau de la bombonne de gaz (en haut ou déporté). Vous hésitez sur le rôle de chaque vis de votre moto ? Si vous trouvez l’inscription « TEN », détendez-vous car vous avez trouvé la détente. Sinon c’est la compression.

On visse pour fermer l’hydraulique : le mouvement est freiné. On dévisse pour ouvrir et libérer le mouvement du ressort. Si vous sentez des clics lors de la rotation, utilisez-les pour repérer les réglages. Sinon, il faudra compter les tours ou demi-tours de vis.

Enfilez votre casque et vos gants (j’espère que vous les avez retirés depuis la mesure de course utile) et allez tester ces réglages. Pour aller plus loin, il faut noter les impressions que vous avez sur le mouvement de la moto. Dans la prochaine partie nous vous indiquerons quels réglages faire pour pallier les principaux défauts.

2 commentaires


  1. Allez, une petite mouche :
    « Mais si la course morte mesurée est trop grande, il faut augmenter la précontrainte : le ressort s’enfoncera moins. A l’inverse, si la mesure est trop petite il faut libérer un peu le ressort qui se tassera plus sous le poids de la moto et du pilote »

    Je ne dirais pas que c’est le ressort qui se tasse plus ou moins : à charge égale, il garde la même longueur. Il est simplement translaté dans un sens ou dans l’autre par rapport à la base de l’amortisseur, entraînant avec lui l’autre extrémité. D’où le changement d’assiette.

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